Émile Prout vulgarise la science


Aujourd'hui : la Terre


«La Terre est ronde comme une boule. Le Soleil éclaire et chauffe la Terre».
C'est la toute première leçon de géo que nous eûmes à apprendre en primaire. Il m'en souvient encore fort bien. Ces deux phrases dans un encadré jaune en bas de page.

Mais qu'en est-il exactement ? En effet, il existe des gens, appelés platistes car ils ont l'encéphalogramme plat, qui ne sont pas d'accord. Parce qu'en plus du front plat, ils ont celui d'affirmer sans rire que la Terre est plate. Plate ma Terre ! Les pauvres ! Ils m'atterrent. Certes, tout ne tourne pas rond sur la Terre, car elle est malade, elle a attrapé l'homme et ce ne sont pas les moult guerres et le réchauffement climatique qui vont me contredire. «Et pourtant, elle tourne» dixit Galilée. «Trop loin à l'est c'est l'ouest» a même aphorismé Lao Tseu cinq siècles avant notre ère. Eh oui, il n'y a pas plus sphérique que la Terre, à part évidemment les milliards de milliards d'étoiles et autres planètes qui peuplent l'Univers.

La circonférence moyenne de la Terre est de 40 000 km. Pas 40 012 ou 39 991, non, 40 000 km pile. C'est dingue, non ! Remarquez, ça vient peut-être du fait que le kilomètre a été étalonné en divisant la distance pôle-équateur par 10 000. Le rayon de la Terre est de 6371 km et ne présente pas de danger particulier, contrairement à celui du Soleil, 109 fois plus grand, qui lui est ultra violent. D'ailleurs on ne compte plus les gens qu'il a ultraviolés.

Quand on pose la Terre sur une balance, l'aiguille indique 6000 milliards de milliards de tonnes. C'est sa masse. C'est énorme. Même en enlevant Bernard-Henri, lui-même à la masse, et pourtant Dieu sait s'il est lourd.

La Terre est âgée de 4,54 milliards d'années à quelques millions près. Elle tourne sur elle-même en exactement un jour et autour du soleil en exactement 365 jours et 6,2425 heures avec une précision qui ridiculise les performances de ma Rolex à quartz, acquise récemment car je tiens à réussir ma vie.

La Terre est l'une des planètes du système solaire. Elle est appelée «Planète bleue» alors que Mars est appelée «Planète rouge» et que Pluton n'est plus appelée du tout, pas même planète, car tout le monde s'en fout. On parle de planète blanche pour Saturne alors que Jupiter est plutôt orange, mais cela relève plus de la poésie que de la réalité. «La Terre est bleue comme une orange» a d'ailleurs affirmé ce pauvre Paul Eluard qui était la risée de ses collègues à cause de son effarant daltonisme.

La vie est apparue sur la Terre il y a presque 4 milliards d'années. Depuis environ 100 000 ans l'homme en est le maître car il se l'est appropriée aux dépens des autres animaux.

La Terre appartient à tout le monde. «Elle est à moi» dira un Washingtonian, un Tegucigalpiniste ou une Ouagadougoudou. Un habitant de Pampelune pourra dire que c'est la sienne et ceux de Sienne que c'est la leur. Même la Terre Sainte est tienne, dira-t-on à un Stéphanois. Elle appartient à tous. Ou bien à personne. Question de point de vue. «C'est l'homme qui appartient à la Terre» ont affirmé de conserve Sitting Bull et le Père Lachaise, quoique dans des contextes différents. Lao Tseu, qui aurait bien aimé être l'auteur de cette belle formule, car il adore proférer des sentences, y va de son grain de sel. «On ne peut pas tomber plus bas que terre» affirme-t-il, péremptoire. Oh que si, Lao, on peut. 1,80 m plus bas, on se retrouve 6 pieds sous terre, là où il n'est même plus question de se relever. Mais il insiste, le bougre, du haut de sa statue de vieux singe, pardon, du haut de son statut de vieux sage «Savoir vivre sur la Terre c'est savoir courir» et il ajoute même «Hâte-toi lentement». Eh, oh, ta gueule, Lao, là-haut, avec tes proverbes à la con. Arrête de pontifier et quitte à les balancer, plutôt qu'à nous, balance-les à la décharge. De plus, je tiens à préciser que «courir lentement» est un concept qui dépasse mon entendement. Et pourquoi pas alors «lambiner rapidement», «susurrer bruyamment» ou «massacrer délicatement» ? Oxymore-moi-l'noeud ! Et là, Lao de revenir : «Sans l'oxygène c'est la mort, avec l'oxymore c'est la gêne». Mais oui, Lao, mais oui ! J'ai tout de même essayé, pour voir, de courir lentement. Eh bien ce n'est pas facile et je me suis d'ailleurs cassé la figure. Cela dit, il me faut bien admettre, à la décharge de Lao (déjà pleine de saloperies), que l'obèse que j'ai vu hier courir «ventre à terre» n'allait pas vite du tout.

La Terre est parfois appelée «La Pomme». Cet épithète lui a été attribuée après que Dieu a châtié l'Homme, alors roi d'Eden, en le mettant en Terre, car Eve, cette inénarrable pétasse, faisant preuve de «bravitude» envers les interdits, avait piqué en douce au verger divin une reine de reinette bio. C'est ainsi que l'Homme, de royal, est devenu mortel. Adieu l'Eden, bonjour les galères. Les files d'attente, les parcmètres, la faim dans le Monde, l'électronique dans les voitures, l'arthrite du genou, les logorrhées des imbus d'eux-même, la publicité, les guerres, les crottes de nez, le désastre écologique, les chansons de Patrick Bruel... Liste bien évidemment non exhaustive.
Un peu sévère comme punition, non ? «C'est bien fait pour sa pomme !» clame Dieu qui ne rigole pas et d'ailleurs renchérit en soulignant que la plupart des galères sont le fait de l'Homme lui-même. Ce qui n'est pas faux. Consternant constat concernant des tas de cons d'eux contents. La Pomme est véreuse et le ver c'est l'Homme.

La terre mourra un jour avec le Soleil dans environ cinq milliards d'années en ayant totalement oublié le dérisoire épisode d'un parasite qui a sévi un temps.