D'après le Petit Littré et tous les grands lettrés, la métaphysique est la recherche rationnelle ayant pour objet la connaissance de l'être, des causes de l'Univers et des principes premiers. Vaste programme.
Étymologie : Le mot viendrait d'un échange entre René Descartes et Blaise Pascal lors d'une mémorable
partie de poker en 1649.
- René : «Je passe, donc tu suis. C'est logique, comme l'est la physique».
- Blaise : «Eh bien non, je ne suis pas. Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Et tu sais où j'me la mets ta physique ?».
Comme quoi on peut être philosophe et grossier. Toujours est-il que l'expression est restée et est devenue un mot qui, des arcanes
du poker, est passé aux mystères de l'existence. Une autre version, peut-être plus crédible, voudrait que le mot vienne du grec méta,
au-delà et phusika, la nature.
La grande question existentielle, qui turlupine l'homme depuis toujours, est triple : «Qui suis-je, d'où viens-je, où vais-je ?». A laquelle, évidemment, on ne peut pas répondre en trois mots, à part Pierre Dac qui déclare «Je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne».
De plus, la réponse varie en fonction de celui qui la pose. Si c'est la police, «Qui êtes-vous, d'où venez-vous, où allez-vous ?», vous répondez «C'est pas moi, M'sieur l'agent, j'vous jure, d'ailleurs j'ai un alibi». Si c'est un douanier, vous lui montrez votre passeport. Si c'est un inconnu vous lui dites «Occupe-toi de tes fesses» et si c'est un psychanalyste ou Bernard-Henri, vous lui rétorquez «Ta gueule». Mais si c'est un vrai philosophe ou vous-même, les seuls habilités à la poser, la question, c'est plus complexe.
Moi, dans ce cas, je réponds «Mon nom est Prout, Emile Prout», et j'ajoute que je ne suis pas au service secret de Sa Majesté. En effet, si on ne sait pas qui on est, on sait qui on n'est pas. Mais que dire de plus ? Bien malin... ! Ah, mes aïeux ! Ben tiens, justement ! D'où viens-je ? Remontons le temps. Je descends de William Prout, de l'homme de Cro-magnon, d'Homo erectus, de l'ancêtre commun du singe et de l'homme, d'un petit mammifère qui a échappé à l'astéroïde il y a 65 millions d'années, d'un animal amphibie, d'une bestiole marine monocellulaire, d'une molécule, d'atomes créés par des étoiles, de particules élémentaires. Je suis de la matière organisée. Belle jambe ! Et nous voilà au Big Bang.
Mais qu'y a-t-il au-delà ? C'est la grande question des scientifiques. Question à laquelle un certain Monsieur Deux («Mon nom est Deux, Jean-Paul Deux») répond, péremptoire «Ne cherchez pas au delà du Big Bang, car au-delà, c'est Dieu». Bien évidemment aucun scientifique n'accepte cette assertion qui frise l'obscurantisme. Par ailleurs comment avoir confiance en son auteur, un homme qui embrasse une carrière ecclésiastique ou le bitume du tarmac des aéroports plutôt que, comme tout un chacun, la peau satinée d'accortes filles en fleur ? Même s'il lui arrive d'embrasser des humains, c'est toujours de haut, toujours de loin. D'un balcon, d'une estrade, d'un parvis, il baise les foules avides et Dieu sait si les foules se laissent facilement baiser. Il baise parfois aussi les foules depuis sa papomobile, mais il est tellement contre la contraception que même en voiture il baise sans capote.
A ce propos, confierait-on à un non-voyant le soin de statuer sur le bien fondé du port des lunettes ? Non ! C'est pourtant un non-baisant qui vocifère contre le port de la capote. Un peu de tolérance que diable ! Moi, par exemple, je n'ai rien contre le port de la soutane. Encore que je sois content que ce soit lui qui l'enfile.
«Enfile ce que vouldras», telle est la devise de l'Homo erectus sed sapiens.
Je n'ai été que peu ému lors de la disparition de Monsieur Deux en 2005, car entre le moment de sa mort et celui de son annonce officielle, il a bien dû se passer quelques heures, disons trois, pendant lesquelles environ 25000 personnes dans le Monde elles aussi sont mortes, et parmi elles, certaines très gentilles, pas du tout favorables au génocide africain à coup de sida par interdiction du port du préservatif.
Donc, au-delà du Big Bang, on ne sait pas. C'est l'inconnu. Mystère et boule de gomme. D'aucuns, comme Monsieur Deux, on l'a vu, nomment ce mystère «Dieu». Car, après l'avoir inventé, l'homme a, depuis toujours, installé «Dieu» à la limite de sa compréhension. Dieu qui aurait même envoyé sur la Terre, il y a 2000 ans, un espion au service secret de sa magnificence, un certain Monsieur Christ. «Mon nom est Christ, Jésus Christ». Jolie fable. Il était une foi.
Troisième volet de la question. Où vais-je ? On aimerait pouvoir affirmer «L'avenir nous le dira», mais hélas, c'est fort peu probable. Personne n'étant jamais revenu de la mort pour en parler, il semble bien que l'avenir ait une fin. Mais pas pour tout le monde. En effet le Cul-Béni, euh pardon, le Saint-Siège affirme qu'il y a une vie après la mort. C'est sûrement confortable de le croire et d'ailleurs pour s'en auto-convaincre davantage, les grenouilles de bénitier essaient de rallier les gens à leur vision et ce, dès leur plus jeune âge, celui de la fin du Père Noël.
De toute façon la vision métaphysique est purement personnelle. A chacun la sienne. Il faut faire table rase de tout ce qui a déjà été dit sur le sujet et s'imprégner des réalités de l'Univers à l'aide de la cosmologie, de l'évolution et des autres sciences exactes. C'est dans ce seul cadre qu'il faut prospecter. Citons ici Jean Rostand «Le problème de Dieu ne regarde pas les religions».
Bon ! Ben finalement si. Il est possible, comme Pierre Dac, de répondre à la question en trois mots. «Je ne suis rien, je viens du Néant et j'y retourne».