Émile Prout vulgarise la science


Aujourd'hui : le cheval


Le cheval est un mammifère ongulé car il marche sur ses ongles, tout comme la vache, le cerf, le rhinocéros ou le zèbre, sacré bel ongulé avec ses rayures blanches sur fond noir (et non l'inverse, comme sur ma vieille Renault). L'éléphant, lui, crie à qui veut l'entendre: «Je barris que, depuis la disparition des mammouths, c'est moi le plus gros ongulé de la Terre». Finalement, «c'est pas les ongulés qui manquent», comme dit mon beau-frère Robert. J'eusse pu, du reste, déblatérer également sur le chameau, le dromadaire, l'hippopotame, le bison et tous les autres ongulés qui sont tous des herbivores (à part le porc). Est-ce à dire pour autant que tous les herbivores sont des ongulés ? Eh bien non. Le lapin est plantigrade, l'autruche est digitigrade et le végan marche à côté de ses pompes. L'homme, lui, est omnivore et plantigrade itou. En effet il marche sur ses plantes de pied et souvent aussi d'ailleurs sur celles des autres, ayant une facheuse tendance à piétiner les plates-bandes. Pas un ongulé, donc, juste un enfoiré.

L'ongle sur lequel le cheval marche s'appelle le sabot. Le cheval en possède une paire à l'avant, une paire à l'arrière, une sur le flanc gauche et une autre sur le flanc droit, ce qui fait un total d'environ quatre sabots et ça tombe plutôt bien car il a à peu près quatre pattes, que par ailleurs on appelle jambes. Marcel, le maréchal-ferrant ardéchois, possède une paire de sabots également, mais ça ne fait pas de lui un ongulé pour autant. N'est pas ongulé qui veut.

Le dos du cheval est recouvert de poils appelés crins. Certains sont très longs, tels ceux de son encolure qui forment la crinière. Cela dit, le cheval n'a pas de poils qu'au dos. Il a, en effet, sur la croupe, des poils caudaux constituant la fameuse queue de cheval.

Les chevaux ont une robe. Tous. Les juments, bien sûr, ça tombe sous le sens, mais, et là, c'est vraiment impayable, les mâles aussi ! C'est dingue, non ? Les robes de base sont le noir, l'alezan et le bai, mais je n'en sais guère plus, les robes n'étant pas tellement mon truc. Et il paraît, qu'en plus, les chevaux ont un collier. Misère. Mais bon, je ne me permets pas de juger.

Il est dit que «le cheval est la plus noble conquête de l'homme». Quelle idée à la con ! C'est faire bien peu de cas des conquêtes de la Lune, du pôle sud ou de l'Everest, autrement plus délicates. Et où est la noblesse dans le fait de capturer un cheval et de lui asséner des coups de latte jusqu'à ce qu'il fasse ce qu'on lui demande ? Je vous le demande.

Que lui demande-t-on, d'ailleurs ? Pour le savoir, interrogeons Marcel, le maréchal-ferrant de Crottin-sur-Bouse dans l'Ardèche: «Marcel, que faire à cheval ?» - «Ben, ch'val dile une bonne fois poul toutes : un ch'val, on en fait ou bien une bête de tlait ou bien une montule. Et j'me pelmets d'ajouter qu'il faut vlaiment êtle tlès con ou palisien poul poser des questions aussi sauglenues.» - «Merci Marcel» - «De lien».

Faut dire que Marcel, tout comme son cousin Nino, s'y connaît vachement. Dans la famille, on est maréchal-ferrant de père en fils. Il a succédé à son père, Léo, et il forme son fils, Jean, pour la relève. Tel père, tel fils. Léo ferrait et Jean ferrera. On connaît la chanson. D'ailleurs son cousin vit un peu la même histoire. En effet, les parents de Nino ferrèrent.

Une bête de trait : le cheval est utilisé pour tirer, remorquer, tracter au moyen d'attelages divers. Charrues pour labourer, voitures hippomobiles pour le transport des passagers et charrettes pour le transport des marchandises ou des condamnés à mort. Citons les principaux chevaux de trait : le Percheron, le Mulassier poitevin, le Breton, le Bernard-Henri. Ce dernier (et je pèse mes mots), vieux cheval de retour traînant son phénoménal attelage de casseroles, est toujours aussi lourd. Comme un cheval mort, dit-on, encore qu'à mon avis, le poids d'un cheval vivant ne doit pas être foncièrement différent.

Une monture : monté, le cheval est utilisé pour se déplacer. Notons que, montée, la jument l'est aussi pour se reproduire. (Montée par un mâle, elle engendrera un poulain qu'on appellera Altesse et montée par un âne, un mulet qu'on appellera Grisou, alors que l'ânesse, elle, montée par un étalon, donnera naissance à un bardot qu'on appellera Brigitte). On monte un cheval de deux façons : avec une selle ou sans (à cru). Mais c'est plus fastoche avec. Donc, vous monterez, si vous êtes normal, avec une selle, et si vous êtes pressé, masochiste, navajo ou au régime, sans selle.

L'homme, qui est joueur, a très tôt inventé les courses de chevaux. Aujourd'hui le PMU est on ne peut plus populaire, avec ses héros comme Carlo, le célèbre jockey qui a inspiré bien des vocations, telle celle de l'ambitieux Uruguayen Luca Nasson qui a voulu devenir jockey quand il a vu monter Carlo et qui est devenu rapidement célèbre à son tour. Monter vite et haut est capital pour cet Uruguayen.

Le cheval est comestible. Sa viande, riche en vitamine B, en fer et en protéines, est excellente pour la forme. Ne dit-on pas d'ailleurs à quelqu'un qui la pète : «Ma parole, t'as bouffé du ch'val !». Toutefois l'hippophagie suscite la polémique. Á sa seule évocation, l'antispéciste Gonzague, la végane Clémentine et le bardot Brigitte se cabrent. Du reste, dans bien des pays on ne consomme pas de cheval, à l'instar des Britanniques ou des Chinois. Interviewé, Ding Dzing Dong s'est exclamé: «Quoi ! Manger du cheval ! Jamais ! C'est un animal sacré, un animal de compagnie et puis le steack de cheval ce n'est pas terrible, ça ne vaut pas le rôti de pékinois ou la brochette de chihuahua».

Tout le monde aime le cheval, l'hippophile comme l'hippophage. Quoi de plus enchanteur que le regard doux de l'élégant cheval de selle (qu'on ne retrouve pas chez la lourdasse vache laitière, au QI pourtant équivalent), ou que la succulente saveur d'un pavé de cheval au poivre accompagné d'un Pinot noir ?

En selle ou au sel. Couplé gagnant.