Émile Prout vulgarise la science


Aujourd'hui : la limite


Une limite est une ligne qui sépare deux territoires contigus. Elle peut être nette et précise ou au contraire large et floue.

Elle est nette et précise comme le diamètre qui coupe un cercle en deux parties égales, ou bien comme une frontière, celle qui, par exemple, sépare les USA du Mexique, une ligne brisée de 3145 km qui, par ailleurs, a bien failli être surlignée par un mur sous les ordres d'un gogol simiesque raciste. C'est qu'il a le bras long, Donald, comme la plupart des singes. D'ailleurs c'est bien connu, le singe limite l'homme. Et par atavisme, cette tête de nœud ne sort jamais sans ses gorilles.

Une limite est large et floue lorsque les territoires qu'elle sépare ne sont pas clairement définis. Où démarre le sud de la France ? A partir de quel âge est-on vieux ? C'est le domaine du subjectif. Il est parfois difficile par exemple de décréter ce qui est de l'art ou ce qui n'en n'est pas. Si pour Raphaël, Dali ou Courbet la question ne se pose pas, de même d'ailleurs, de l'autre côté de la limite, pour César, Soulages ou Picasso-dernière-période, il est des artistes pour lesquels la réponse n'est pas évidente. Entre «Guernica» et ses petits gribouillis de fin de carrière, Pablo avait franchi la limite et l'admettait d'ailleurs volontiers.

Le mondain éclairé se gaussera du béotien médusé qui, devant une toile de Daniel Buren, dira «Pfeuh !, ma petite nièce de huit ans en fait autant». A-t-il seulement conscience, le mondain éclairé, du haut de sa suffisance, que ce genre de phrase n'est jamais prononcée devant un tableau de Rembrandt, Le Caravage ou Van Gogh. Ce gogo snobinard existe depuis longtemps. En 1910 déjà, il se pâmait devant une toile signée Boronali (anagramme d'Aliboron) qui a eu un franc succès avant d'être démystifiée, car peinte par la queue d'un âne. Mais l'art minimaliste, l'art des sans-talent, atteint son apogée, sa limite inférieure, avec les monochromes.

Si Ludwig Van était à la musique ce qu'est Yves Klein à la peinture, voilà ce que donnerait la partition de la 10ème symphonie de Beethoven, en mi majeur, dite “Abyssale”. (version intégrale):
«mi.............................................................................................(tenuto 52 minutes)».

Le foutage de gueule est l'apanage de l'art comptant pour rien. Et le foutage plein les poches est celui de Jeff Koons.

La limite est parfois un sommet qu'on peut atteindre mais qu'il est impossible de dépasser, comme 299 792 km/s pour la vitesse, -273 degrés Celsius pour la température ou un livre de Paulo Coelho pour le vide sidéral.

Le mot limite est parfois utilisé comme adverbe. Il est alors synonyme de presque. Exemple : «il est limite insultant de dire que Donald Trump est un gros con». En principe, quand on assène une vérité, il n'y a pas insulte, mais en l'occurrence, si, car Trump n'est pas si gros que ça.

Une personne «atteint sa limite» quand elle ne peut pas faire mieux. Et si ce mieux est plutôt bas, on dit de cette personne qu'elle est «limitée», comme l'est Bernard-Henri qui ose tout, mais qui, comme tous les paons, ne vole pas haut.

En littérature, les drôles d'oiseaux qui ne volent pas haut sont pléthore. Ils ne volent pas haut, certes, mais ils volent. A l'étalage et sans scrupule, les pages des vrais écrivains. Plagiats. Les œuvres du Nigérian Wole Soyinka et celles du Français Patrick Poivre (qui se désole de ne pas être d'Arvor avec nous) ont en commun le fait d'avoir été écrites par un nègre. Le premier a été prix Nobel de littérature, le second a été pris la main dans le sac.

On pourra «à la limite» reprocher à ce texte une certaine virulence. Cependant il faut bien admettre que les cuistres que sont, chacun dans son domaine, Trump, César, Soulages, Picasso, Buren, klein, Koons, Coelho, Bernard-Henri et Poivre, avaient largement «dépassé la limite». Il est quelquefois opportun de tirer sur une ambulance.

«Il y a des limites à tout» affirme une expression populaire. Mais qu'en est-il ? Albert Einstein a dit : «Il n'existe que deux choses infinies, l'Univers et la bêtise humaine... mais pour l'Univers je n'ai pas de certitude absolue».

En tout cas ce texte, sévère mais juste, a atteint la sienne.